Résumé
Durant la guerre civile espagnole, près de 15000 enfants originaires de la zone républicaine sont envoyés en France. Filles et garçons de 5 à 15 ans environ, ils sont généralement inscrits par leurs parents pour être placés dans des familles d’accueil françaises ou dans des maisons d’enfants créées pour eux. Loin d’être centralisée, cette opération humanitaire engage une constellation d’acteurs très divers, et souvent rivaux.
Tout l’enjeu du livre est de comprendre l’engouement autour de cette cause, de la gauche de Front populaire aux intellectuels catholiques, du Vatican à des militantes féministes. L’aide à l’enfance offre en effet une voie pour agir, tout en esquivant les dilemmes posés par cette guerre, la non-intervention et la politique européenne de l’époque : pacifisme ou antifascisme ? sécurité ou solidarité ? liberté ou soumission au pape ? Face à ces questions souvent posées en termes dichotomiques, des groupes prennent la tangente : l’aide à l’enfance les autorise à jouer sur les ambivalences d’une « cause refuge », pas vraiment politique, sans être tout à fait neutre – car seuls les enfants de l’Espagne républicaine seront accueillis en France…
Suivant pas à pas ces acteurs dans leur diversité et resituant cette mobilisation dans un contexte transnational et dans l’histoire des mouvements sociaux des années 1930, Célia Keren lève ici le voile sur un phénomène peu connu de la guerre d’Espagne.
Célia Keren est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et membre du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines. Elle a coédité Ma vie en France. Cahier d’exil d’une adolescente espagnole (1939-1943) d’Aurélia Moyà-Freire (PUM, 2017) avec Rose Duroux et Danielle Corrado, et Public and Private Welfare in Modern Europe : Productive Entanglements (Routledge, 2022) avec Fabio Giomi et Morgane Labbé.
Détails produit : grand format, broché, 9782381911342, disponible sous 10 jours.