Résumé
Qu’est-ce donc que l’Occident ? Aucune définition satisfaisante de ce terme n’existe. Pourtant, les Occidentaux savent très bien à quoi s’en tenir : le mot désigne cette partie du monde à laquelle ils appartiennent. Et tous les autres, a contrario, n’ont aucun doute non plus : l’Occident incarne ces autres parties du monde auxquelles ils n’appartiennent pas. Peut-on dire que l’Occident est au nord (Europe, Canada, États-Unis…) ? Quid alors du Japon ou de l’Australie ? Peut-on dire que tous les pays développés sont occidentaux ? Quid alors de la Chine ou du Brésil ? L’Occident rassemble-t-il toutes les démocraties du monde ? Quid alors de l’Inde ou de la Corée du Sud ?
Pendant de nombreux siècles, les choses étaient simples. L’Occident renvoyait à l’Europe, qui, peu à peu, a colonisé puis dominé le monde, de l’Amérique « découverte » à la lointaine Asie, en passant par l’Afrique. Sa civilisation s’est forgée au gré de rencontres et de confrontations entre les mondes grec et perse, romain et « barbare », byzantin et latin, chrétien et musulman, libéral et communiste… au fil des guerres de religion et des révolutions culturelles, politiques, industrielles, scientifiques. Enfant de la démocratie athénienne, du droit romain, de la pensée judéo-chrétienne, de la philosophie des Lumières…, l’Occident a imposé sa marque, ses valeurs « universelles » au reste de la planète, suscitant tout à la fois fascination et répulsion.
L’héritage de l’Occident reste partout présent : le méridien de Greenwich, en Angleterre, impose son heure et sert de référence internationale aux longitudes de nos GPS, cartes marines et outils de navigation aérienne ; les Jeux olympiques, à l’esprit universaliste, prennent leurs racines dans l’Antiquité grecque ; le prix Nobel, à la portée internationale, est né de la volonté d’un
inventeur suédois ; enfin, les institutions onusiennes (Banque mondiale, Fonds monétaire international…) ont été créées sous l’égide des États-Unis, devenus première puissance mondiale, et ont permis aux pays occidentaux de dicter les normes de la géopolitique internationale. Lorsque nous qualifions l’Orient de « proche » ou de « moyen », voire d’« extrême », n’est-ce pas en
considérant, encore et toujours, la vieille Europe comme le centre du monde ?
Mais le monde a changé. Et l’Occident n’en est plus le nombril. Son éclat s’est terni. Trahison des valeurs – notamment à travers l’épisode colonial et les guerres mondiales, qui ont failli l’anéantir –, hégémonie contestée par de nouvelles puissances comme la Chine ou la Russie, effet de la mondialisation qui a rebattu les cartes planétaires du pouvoir… L’Occident semble plus que jamais en déclin. Alors que la crise sanitaire de la Covid-19 a porté un nouveau coup aux États occidentaux, il a paru essentiel aux rédactions de La Vie et du Monde de s’interroger sur leur place et leur rôle en ce début de XXIe siècle. Cette édition actualisée et augmentée de L’Histoire de l’Occident dessine les contours d’un concept mouvant à travers le temps et décrypte le rééquilibrage du monde en cours.
Sous la direction de Chantal Cabé et Michel Lefebvre.
Collection Le Monde Hors série. Coédition avec La vie.
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